L’envolée des prix du carburant

Trois transporteurs, réunis à la Croix-Héllean, expriment les difficultés engendrées par cette flambée des prix, ainsi que leurs revendications, qui restent sans réponse.

Depuis quelques jours, dans le contexte de la guerre en Ukraine et des hausses des prix du carburant induites par cette crise, les transporteurs se réunissent en urgence pour solliciter le gouvernement.

Mardi 15 mars 2022, Benoit Sablé, à la tête de Transports Le Galliard Sablé à Pleugriffet, Yann Le Bris, à la tête de Transport Le Bris à Lanouée ont rejoint Philippe Legal dans les locaux de son entreprise ST Legal, à la Croix-Héllean (Morbihan) pour exprimer leurs revendications.

« Mercredi 9 mars, on s’est réunis avec 80 transporteurs du Morbihan. La réunion a été annoncée en urgence le matin même. J’ai été surpris de voir autant de monde alors que ça n’était pas prévu » indique Philippe Legal, qui souligne l’urgence de la situation. Depuis, une seconde réunion a eu lieu le vendredi 11 mars, cette fois, avec les syndicats.

Une situation intenable

« Nous subissons comme toutes les professions des augmentations importantes et continuelles dans tous les domaines. » En effet, entre cout de la masse salariale, achat de véhicules, prix des réparations en garage (pièces et main-d’œuvre), prix de l’énergie, et les prix du carburant qui s’emballent… Les transporteurs ont du mal à tenir le cout.

« La variation incessante du prix du carburant fragilise et risque à très court terme de mettre en péril la trésorerie des entreprises de transport. »

Avec ces tarifs, ce n’est pas tenable, il faut une solution rapide pour qu’on s’en sorte.

Ils notent, par exemple, qu’au 28 février 2022, le prix du carburant était de 1.452€ HT, tandis qu’au 9 mars 2022, il s’affiche à 1.990€ HT, soit une augmentation de plus de 37%. « Sur un plein de 36 000L, nous subissons une augmentation de 19 368€ », et Philippe Le Gal de préciser que c’est un plein qui est effectué deux fois par mois. « On est coincés, même si on fait le maximum pour nos clients. »

On n’a plus envie de sortir les camions, sur la route on perd de l’argent.

Un nouveau « quoiqu’il en coute » ? 

Ils rappellent qu’en période Covid, « notre gouvernement a su avec son « quoi qu’il en coute » prendre des décisions radicales pour sauver des entreprises directement impactées par la pandémie, et c’est une bonne initiative ! Pendant cette période l’ensemble de la profession des transporteurs routiers a su répondre présent. »

Aussi, ils demandent que face à cette situation exceptionnelle, l’État prenne des décisions adaptées à la situation « et prendre des mesures fortes afin d’éviter des fermetures d’entreprises à répétition » :

– Mise en place d’un Gazole professionnel à hauteur d’un prix plafonné à 1.20€ HT

-Augmentation du taux de remboursement de la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques)

-Exonération des charges sociales et fiscales et non un report

Révision de l’indice CNR à la semaine

On fait le dos rond, des efforts de trésorerie qu’on ne récupèrera jamais. C’est de la perte sèche.

Benoit Sablé

Des revendications sans réponse

Les trois transporteurs confient que les professionnels ne se sentent pas écoutés : « Nous avions un rendez-vous à la préfecture hier pour des négociations au niveau national, mais il a été reporté, il n’y a pas de prise de décision. L’État nous ignore. »

Le transport est un élément clé de notre économie, considéré à tort comme subalterne. Si le gouvernement ne répond pas à nos revendications, nous serons, « Quoi qu’il en coute », dans l’obligation d’entreprendre des actions plus fortes, il en va de la survie de nos entreprises.

Pour les trois comparses, il est clair « qu’il va falloir que le gouvernement trouve une solution rapidement. Pour certains, la fin du mois va être très compliquée » assure Yann Le Bris.

Des opérations de blocage pour se faire entendre

Les trois transporteurs morbihannais expliquent que les opérations de blocage sont nécessaires, et que plusieurs devraient se manifester dans les jours à venir, et ce, « jusqu’à ce qu’ils réagissent ».

Nous sommes montés à Rennes, mais sans les camions pour ne pas bloquer la circulation. C’est comme si nous n’étions pas là, ça n’a pas le même impact. Malheureusement, il n’y a qu’en bloquant qu’on se fait entendre. On n’est pas considérés.

« On attend les décisions des syndicats pour être derrière eux avant de lancer des opérations. D’ici vendredi, plusieurs actions seront mises en place. On ne veut pas bloquer les citoyens, le but n’est pas d’embêter les gens. Mais la situation est grave » précise Philippe Legal, qui, comme tous les transporteurs du territoire national, attend une évolution rapide et radicale dans les jours à venir.

Source : Le Ploermelais